Le ventre de l’atlantique, Fatou Diome

L’histoire…

Dans ce premier roman, Fatou DIOME dépeint d’une plume majestueuse les revers de l’immigration. Le ventre de l’Atlantique raconte l’histoire des habitants de Niodor, une petite ile du Sénégal. Les moyens de subsistance sont réduits et se limitent aux fruits des maigres pêches. Des familles entières reposent leurs espoirs sur leurs jeunes enfants. Alors, ces derniers rêvent d’ailleurs. Ils rêvent de partir et de faire fortune parce que là-bas c’est forcément mieux qu’ici. Cet occident qui, idéalisé, est érigé au rang de porte de sortie par excellence de leur misère étouffante… Alors que certains nourrissent l’espoir assumé de s’y rendre par tous les moyens, d’autres réussissent la traversée et découvrent avec désillusion la France…

« Je pensais à ma vie solitaire en Europe, où personne ne se soucie de mes allées et venues, où seule ma serrure compte mes heures d’absence. Un e-mail ou un message sur le répondeur téléphonique, ça ne sourit pas, ça ne s’inquiète pas, ça ne s’impatiente pas, ça ne vide pas la tasse de café encore moins un cœur plein de mélancolie. La liberté totale, l’autonomie absolue que nous réclamons, lorsqu’elle a fini de flatter notre ego, de nous prouver notre capacité à nous assumer, révèle enfin une souffrance aussi pesante que toutes les dépendances évitées : la SOLITUDE » Page 190.

Mon avis…

Je dois avouer que les 100 premières pages ont été rudes à tourner tant les sujets abordés semblaient loin de mes attentes. En effet, au vu de la quatrième de couverture, je m’attendais à une histoire centrée sur Salie. Un récit de ses déboires en occident et peut-être un rapide panorama de son passé sénégalais… Il n’en était rien, enfin, pas tout à fait.

Le ventre de l’atlantique nous raconte plutôt les destins croisés de plusieurs personnages. Il y a ceux qui ont réussi le pari de l’immigration et qui se sont forgés un statut de premier choix de retour dans leur communauté. D’autres, en revanche, plus malchanceux croulent désormais sous le poids de la honte. Mais ce sont les premiers qui intéressent les jeunes de Niodor toujours plein d’entrain pour cet « ailleurs » promettant monts et merveilles. Si les autres ont échoués, c’est forcément de leur faute…

J’ai été délicieusement embarquée dans la deuxième moitié du livre. L’écriture est fluide et l’histoire est très bien ficelée avec des liens inattendus entre les personnages. Je suis éperdument amoureuse de la plume de Fatou Diome. Elle manie avec élégance la langue de Molière et fait valser les mots dans une poésie rythmée.

La puissance de ce roman tient du statut de l’auteur. Sénégalaise d’origine, elle a quitté sa ville natale pour faire des études en France et y a construit sa vie. Ayant vécu dans les deux pays, elle a traité le sujet de manière juste et impartiale.

Je conseille ce livre à tous ceux désireux de s’imprégner davantage des dessous de l’immigration, ceux voulant découvrir certaines réalités de l’Afrique ou tout simplement ceux désirant apprécier une œuvre littéraire merveilleusement bien écrite.

Avec passion,

Dyna.