Inassouvies, nos vies, Fatou Diome

L’histoire…

C’est l’histoire de Betty, une jeune fille apathique d’origine Sénégalaise vivant en France. Une idée mûrissait en elle : de son balcon, observer la vie de ses voisins. Elle était décidée à découvrir quelle existence se cachait derrière ces fenêtres. Lentement, mais sûrement, elle s’adonne à cette nouvelle passion. Mais, apprendre à connaitre les gens, c’est risqué de s’attacher à eux. Betty le découvrira assez vite…

Mon avis…

Tout d’abord, je tiens à rappeler, avec une certaine retenue, que je suis une fan incontestable et irrévocable de Fatou Diome. En deux lectures, elle a su s’ériger au palmarès de mes auteurs de cœur. Une fois ce fait clarifié, je peux, à présent, admettre n’avoir pas été conquise par cette œuvre sans entacher la réputation de l’auteure. Pourquoi ? Je m’explique, ou pas.

A vrai dire, je ne saurais pointer du doigt avec précision ce qui m’a déplu. C’est un ensemble. Alors que certains passages me tenaient en haleine et à la lueur desquels je retrouvais l’écriture poétique de l’auteure, je m’ennuyai globalement.

L’idée de départ était pourtant bonne. Betty s’adonnait à une analyse en profondeur de la vie des voisins. De ses observations, se dégageaient des phénomènes de société plus généraux. Très friande des œuvres qui décortiquent des sujets de société, je me délectai de ces passages…

…Puis des longueurs ont suivi en même temps que l’ennui s’installait en moi. Je déplore que l’auteure n’ait pas su retenir plus longtemps mon attention.

Afin de clore cet avis mitigé sur une note positive, je vous propose des passages que j’ai énormément appréciés. En espérant qu’ils vous inspirent car oui, c’est une œuvre qui mérite d’être lue.

« On nait impuissant, avec la chance de ne pas s’en rendre compte. En pleine conscience, on le redevient, en vieillissant. Inouïe, la douleur de se voir perdre, la barre de sa vie. » P.29

« Comme les Noirs et les Juifs naguère, on tente aujourd’hui, d’évincer les vieux du circuit. Les prochains exterminés n’auront pas la chaîne aux pieds ou d’étoile jaune à la poitrine, ils auront un dentier suspendu au cou » P.49

« Epouser un type plus attentif à sa carrière qu’aux dessous chics de sa Gertrude ? Sapristi ! Plutôt jurer fidélité à une sculpture d’Ousmane Sow ! se disait Betty. On travaille mieux quand on est amoureux, mais on aime mal quand on travaille trop. » P.57

« Ecrire, c’est dormir moins bien que les autres et être assez maso pour se dévaster l’âme, comme on essouche une plantation. Inassouvi, notre besoin de jachère » P.207

« Il manquera toujours, dans nos agendas, le temps d’un thé pour infuser nos vies et partager leur saveur. » P.263

« …Or c’est en nous-mêmes que se love le mal de vivre. Face aux brûlures de l’existence, on est fondamentalement seul. Et seuls ceux qui nous aident à admettre cette évidence nous font grandir, les autres nous endorment et leur compagnie ne fait que retarder le moment d’un réveil douloureux. » P.264

Avec passion,

Dyna.