Aux origines du patriarcat…

Il est des livres qui vous poussent à la réflexion, bousculent vos convictions et vous obligent à faire table rase de ce que vous avez appris jusque là pour vous poser des questions existentielles… « Sapiens » est de ce genre.

Il n’est pas aisé d’en faire un avis unique tant les questions abordées sont multiples. Dans cet article je vais aborder un chapitre qui m’a particulièrement passionnée. C’est une question que je ne m’étais jamais posée ou du moins je n’étais pas remontée jusqu’à l’origine des premiers hommes, nos ancêtres les Sapiens.

Où se situe l’origine du patriarcat ? A quand remonte cette domination de l’homme sur la femme dans la quasi totalité de nos sociétés actuelles ? Comment ces inégalités ont elles subsisté aux multiples changements qu’a connu l’humanité depuis l’apparition de l’Homme ?

A mon sens, ces questions sont fondamentales. Je suis de ceux qui pensent qu’il est nécessaire de savoir d’où l’on vient, d’étudier l’histoire, pour comprendre le monde et ensuite envisager plus sereinement le futur.  A ce propos, HARARI avance :

Ce n’est pas pour connaître le futur que nous étudions l’histoire, mais pour élargir nos horizons, comprendre que notre situation actuelle n’est ni naturelle ni inévitable et que, de ce fait, les possibilités qui nous sont ouvertes sont bien plus nombreuses que nous ne l’imaginons.

Dans le livre « Sapiens » HARARI expose trois théories biologiques avancées pour expliquer l’apparition et le maintien du patriarcat au fil des millénaires. Son analyse est pertinente car dans le même temps il apporte les arguments avancés pour déconstruire chacune de ces théories si bien que les questions demeurent à la fin du chapitre…

  • La force musculaire

D’une manière générale, les hommes ont tendance à avoir une force musculaire plus importante que les femmes. Une thèse affirme, qu’à l’époque des Sapiens, les hommes auraient utiliser cet avantage pour soumettre la femme. Une autre estime que, grâce à cette force musculaire prépondérante, les hommes s’occupaient des tâches les plus ardues. Ce qui leur a permis de contrôler la production alimentaire et par ricoché les décisions politiques.

Seulement voilà, l’histoire semble avoir prouvé que ce sont plutôt les qualités sociales et de coopération qui ont permis aux dominants de s’imposer. D’ailleurs, les femmes ont surtout été exclues des tâches de l’esprit et s’occupaient plutôt des travaux manuels nécessitant une certaine résistance physique.

  • Une violence innée

Selon cette théorie, la domination masculine résulterait de la violence de l’homme. A ce propos, des études des systèmes hormonaux et cognitifs auraient prouvé que les hommes ont des penchants plus agressifs et plus violents que les femmes. D’ailleurs, les guerres ont souvent été menées par des hommes renforçant ainsi leur main mise sur la société.

Mais lorsque l’on analyse de plus près les différentes guerres, on se rend compte que l’art de la guerre se situe avant tout dans les facultés de l’esprit. La violence n’est que la conséquence d’un système complexe de stratégies, d’organisation, de coopération longuement débattu par des élites à des années-lumière des champs de batailles.

S’il est communément accepté (selon un stéréotype) que, d’une manière générale, ce sont les femmes qui sont dotées des facultés d’apaisement, de coopération, voire de manipulation, comment expliquer leur position dans la société ?

  • L’homme, ce fin stratège

Enfin, une dernière thèse affirme que les hommes et les femmes ont développé des stratégies de survie différentes si bien que leurs gênes en a été modifié pour les générations futures.

Les chances de reproduction des hommes dépendaient de leur aptitude à dominer les autres hommes afin d’obtenir les faveurs du plus grand nombre de femmes. Les hommes qui réussissaient étaient donc les plus ambitieux, stratèges et compétitifs. L’évolution se faisant, les hommes qui excellaient auraient transmis ces gênes à leur descendance.

Les femmes, quant à elles, avaient besoin d’une présence masculine pour les protéger durant la grossesse et l’éducation des enfants. Afin d’assurer leur survie, elles n’avaient d’autres choix que de se plier à la volonté des hommes.

Pour remettre en cause cette théorie, on en revient toujours aux qualités d’apaisement et de coopération nécessaires pour construire et dominer des sociétés de manière durable. Des données empiriques ont prouvé que chez certaines espèces animales telles que les éléphants ou les bonobos, la dynamique femelles dépendantes et mâles compétitifs s’est soldée par des sociétés matriarcales…

Les femmes auraient très bien pu se tourner les unes vers les autres pour obtenir l’aide dont elles avaient besoin. Ce faisant, elles auraient construit des réseaux de coopération exclusivement féminins à l’image de ceux des bonobos. Les hommes, trop occupés à se battre auraient bien été obligés de se soumettre à ces réseaux.

Selon HARARI, ce qui a permis aux Sapiens de dominer toutes les autres espèces, ce sont des talents sociaux supérieurs et une plus grande tendance à coopérer. Si l’on s’en tient à cela, les trois théories exposées ci-dessus font fausse route.

Dans ce cas, les mâles de l’espèce homo sapiens étaient-ils mieux dotés de ces capacités d’apaisement et de coopération que les femelles ?

Aujourd’hui, nous sommes beaucoup à penser que le patriarcat repose sur des mythes. Alors je me demande : quelle est donc l’origine de ces mythes ? A partir de quel moment les hommes ont imposé leur domination ? Ou alors était-ce un processus lent sur plusieurs générations ? Comment ont-ils procédé ? Les femmes s’y sont elles opposées ?  Ou alors était-ce d’un commun accord ?

HARARI conclut en posant cette effrayante question :

Si, comme la démonstration en a été faite de manière si éclatante, le patriarcat reposait sur des mythes infondés plutôt que sur des faits biologiques, comment expliquer l’universalité et la stabilité de ce système ?

Qu’en pensez-vous ?

Avec passion,

Dyna.