De purs hommes, Mohamed Mbougar Sarr

Homosexualité. Un mot, treize lettres qui, partout et plus particulièrement en Afrique, entraîne fascination et dégoût, vénération et rejet…

Schizophrénie. Tel est le mot qui me vient à l’esprit pour désigner le sort réservé aux homosexuels dans ce livre.

Nourrir l’imaginaire pour mieux rejeter la profondeur de l’âme…

Les accepter lorsque, travestis, ils amusent la galerie, font oublier les infortunes quotidiennes…

Les lyncher, les tuer, les enterrer, les déterrer lorsqu’au grand jour, ils révèlent l’essence de leur être…

Tout commence avec une vidéo. Celle d’une énième tombe profanée. Ils ne veulent pas d’eux dans leur cimetière, leur cimetière de bons musulmans…

Hypocrisie.

Ndéné, professeur d’université, désabusé du système en place dans son pays et de la mentalité de ses concitoyens, mène une existence monotone et sans attrait.
La vue de cette vidéo entraîne en lui de profonds bouleversements qui l’emmèneront à se poser des questions sur sa nature profonde…

Un roman ambitieux lorsque l’on sait que la question de l’homosexualité demeure un tabou au Sénégal.

L’auteur sait y faire avec la langue. Je me perdais dans la contemplation de cette valse des mots, parfaitement accordés, oubliant presque la gravité du sujet.

Ndéné, un personnage, comme je les aime, aux contours sombres renfermant un cœur débordant d’amour. Quelque chose de tragique émane de lui. Il est déterminé et résigné à la fois. Une personnalité complexe, un être plein de paradoxes ; tout ce qu’il y a de plus humain, finalement… Il m’a touchée.

Un sujet d’actualité, une histoire prenante, un personnage intéressant, une lecture agréable et fluide, une leçon d’humanité… Une pépite tout simplement.

Je le recommande sans réserve, aucune.

Avec passion,

Dyna.