L’esclavage, ce passé si récent – La vie de Frederick Douglass

Il semblerait que je vive dans le passé…‬ Ceux qui pensent cela avancent qu’il nous sera impossible de faire le deuil de l’esclavage si nous ressassons sans cesse les faits.

Comment voulez-vous que je fasse le deuil de ce passé sombre si, régulièrement, des faits me rappellent cette condition ?

Ils me disent que l’esclavage est un passé ancien avec lequel nous n’avons plus aucun lien…‬ “Combien de temps encore continuerons-nous à nous repentir ?” S’exclament-ils !‬

Je n’ai besoin d’aucune repentance ma foi et je n’incrimine guère. Mais comment vous faire comprendre que l’esclavage est un passé récent qui a façonné le monde dans lequel nous vivons ?‬

Comment être sûre que vous compreniez que les stigmates de l’esclavage hantent encore l’imaginaire collectif ?‬

Le racisme est une conséquence directe de l’esclavage. ‬Et le racisme demeure. Ici et ailleurs ! Je l’avoue, je me soucie moins de cela. Je n’attends rien des racistes. Car, je ne saurais être tenue responsable de l’ignorance d’autrui.

En revanche, le complexe d’infériorité observé chez certaines personnes noires, autre conséquence de l’esclavage et de la colonisation, sont des terrains sur lesquels nous pouvons agir…‬

Alors, le combat continue. Et par combat, j’entends celui de l’esprit. ‬Il s’agit de s’instruire et de redonner confiance aux masses…‬ Il nous faudra déconstruire des siècles de préjugés…‬ Se réapproprier notre histoire…S’imprégner du travail de ceux qui se sont battus pour la cause…‬

Nous le savons tous, pour maintenir les masses dans l’esclavage, les maîtres, en plus de la violence, ont misé sur une arme tout aussi redoutable : l’ignorance.

À cet effet, des esclaves qui ne savent pas lire, Douglass disait : “Ils avaient été enfermés dans les ténèbres de l’esprit.” Et quand il se trouva lui-même brisé par le travail rude qu’on lui imposait, il écrit “la nuit de l’esclavage se referma sur moi.”

Cette autobiographie devrait être enseignée dans toutes les écoles. Elle met en lumière le pouvoir incontestable de l’éducation sur la vie et les aspirations d’un Homme. Il est vrai que Douglass avait déjà une certaine aversion pour l’esclavage (comme tout esclave je suppose)…

Mais il est impressionnant de voir la dimension que cela prit une fois qu’il fut éclairé par la lecture. Il prit pleine conscience de la précarité de son statut et de toute l’injustice autour du système esclavagiste. Alors, il passa d’un esclave obéissant et plus ou moins résigné à un homme tourmenté et révolté. À ce stade, la seule issue était la liberté…

“J’ai découvert qu’un esclave content doit être un esclave qui ne pense pas. Il faut obscurcir sa vision morale et mentale et, autant que possible, annihiler le pouvoir de sa raison. Il doit être incapable de déceler les incohérences de l’esclavage; il doit penser que l’esclavage est juste; or il ne peut y parvenir que lorsqu’il cesse d’être un homme”.

Ce livre est le meilleur que j’ai lu sur l’esclavage jusque là. Et il est fort impressionnant de se dire que ce cher Douglass a appris à écrire tout seul…

Il relate les faits avec sobriété en usant de figures de style. Son propos est simple et percutant. Il est brillant et son livre est un chef-d’œuvre d’écriture. D’ailleurs, à sa sortie, des voix se sont élevées arguant qu’un ancien esclave n’aurait pu produire un texte d’une telle qualité.

Je vous laisse digérer tout ça…. Mais nous n’en avons pas fini avec Douglass !

Avec passion,

Dyna.