La route des clameurs, un chef-d’œuvre malien !

« Quand il nous tomba dessus, quand le jaadi nous tomba dessus au Mali ! Eh Allah, mon ami ! Hommes ou femmes ou enfants, personne n’a disputé à personne un pic ou une pelle pour creuser la tombe d’un frère, d’un père, d’un fils, d’une sœur, d’une mère… Quand le jaadi nous est tombé dessus, à Kidal, Gao, Tombouctou !…

Eh Allah, ce jaadi ! Mon papa m’a dit qu’il venait de l’arabe ‘’jihad’’, lequel signifierait ‘’guerre sainte’’, comme si une guerre pouvait être sainte !»p.95

2012. J’assiste à une séance de travaux dirigés dans une université Française. Une nouvelle glaçante vient de tomber. Un coup d’état au Mali. Les militaires ont pris le pouvoir…

Alors que les chuchotements montent dans la salle, j’essaie de mesurer les conséquences de cette nouvelle… Je suis jeune mais l’équation est simple… Des pages sombres s’annonçaient…

Avec l’absence d’un état fort et structuré, le Mali s’engouffre dans un tourbillon de violence… le Nord du pays s’embrase. Des criminels veulent nous diviser…

Sur les réseaux sociaux, des initiatives fleurissent de toutes parts… « Le Mali est un et indivisible », « Plus jamais ça »…

« La pire des défaites est celle de l’esprit ! Les gamins imams des nouvelles mosquées nous y préparaient depuis de longues années ! »p.21

Aujourd’hui, l’intégrité du territoire semble préservée… Enfin, « officiellement ». Après le nord, c’est au tour du centre du pays de sombrer dans la violence. Des massacres y sont régulièrement perpétrés…

« Eh Allah ! C’était la fin du monde pour de vrai, wallahi ! Des gamins bilakoros venaient de se rendre maitres d’un pays aussi immense que son histoire millénaire. Wallahi ! Il fallait voir ça ! »p.63

Si ce pays, qui autrefois a abrité de grands empires Africains, t’intéresse, ce livre constitue une porte d’entrée…

L’auteur revient sur les méthodes utilisées par les criminels pour instrumentaliser l’islam et soumettre les populations du Nord du Mali à leurs volontés…

Il se réapproprie la langue française en y insérant des tournures de phrases et des expressions typiquement maliennes. Je me suis amusée et surtout, j’ai été subjuguée par le style de l’auteur.

Il m’a énormément fait penser à « Allah n’est pas obligé » de Amadou Kourouma. Je pense que, tout comme moi, c’est une œuvre qui a dû profondément marquer Ousmane Diarra.

C’est une fiction. C’est une satire. Mais l’essentiel y est… lorsque l’on est attentif aux signes.

Ce livre est un chef-d’œuvre.

Avec passion,

Dyna.