Un homme de Philip Roth, ce chef d’œuvre américain

Je suis assise toute seule sur une belle plage à Saint-Malo… Les pieds enfouis dans le sable fin, à quelques mètres seulement de la mer… Je tourne les pages de « un homme », Mozart joue dans mes oreilles… Je me suis extirpée de l’agitation de la plage… Enfin, presque… Le bruit des vagues me parvient… de temps en temps…

Dès les premières pages, l’évidence me frappe, c’est un chef-d’œuvre. Ce livre m’a bouleversée. Ce livre m’a retournée. Ce livre m’a renvoyée avec violence à ma condition de mortelle.

Le roman s’ouvre sur l’enterrement du personnage principal. Alors que les larmes me montent aux yeux, je découvre ce passage déchirant :

« Un enterrement ni plus ni moins intéressant que les autres. Mais enfin, le plus déchirant, c’est ce qui est commun, le plus accablant, c’est le fait de constater une fois encore la réalité écrasante de la mort. »p.25

Dans ce roman hautement philosophique, l’un des derniers de sa vie, Philip Roth explore l’existence et la déchéance de l’Homme. La vie n’est après tout qu’une succession de choix, de causes et d’effets…

Le personnage principal, suite à son enterrement, revient sur les événements qui ont marqué sa vie, de l’enfance à la mort… Il nous expose ses déboires, ses craintes, ses choix et les conséquences de ces derniers…

L’évolution de l’histoire est assez surprenante. Au fil de son récit, le personnage principal, d’abord dans une position victimaire, prend du recul, et reconnaît peu à peu ses torts. En cela, cette lecture fut pour moi un ascenseur émotionnel…

Au début, j’ai profondément été bouleversée pas son histoire qui débordait d’injustice. Puis, la colère a rapidement pris le dessus, m’étant sentie bernée… Enfin, avec du recul, j’ai éprouvé de la compassion pour cet homme déchiré par ses passions et ses craintes, cet être en proie aux pires contradictions…

Il avait tant peur de la mort :

 « Parce que l’expérience la plus intense, la plus perturbante de la vie, c’est la mort. Parce que la mort est tellement injuste. Parce qu’une fois qu’on a goûté à la vie, la mort ne paraît même pas naturelle. Moi j’avais cru, j’en étais même secrètement certain, que la vie continuait indéfiniment. »p.169

Mais plus encore, ce qui le répugnait davantage, c’était la vieillesse, la maladie, la perte de ses facultés :

« Ce n’est pas une bataille, la vieillesse, c’est un massacre. »p.157

Je suis désormais obsédée par Philip Roth. Je ne le quitterai plus.

Avec passion,

Dyna.