Un royaume pas si sublime…

Je participe à un atelier d’écriture depuis quelques semaines. Ces échanges réguliers avec deux blogueuses qui s’adonnent régulièrement à cette tâche m’ont ouvert les yeux. L’écriture n’est point aisée. Transmettre un message, argumenter ses propos, trouver les bonnes transitions, travailler la cohérence d’ensemble, intéresser le lecteur, tout en restant soi-même. Quelle angoisse !

Je découvre tout un métier. Le talent ne représente qu’une part infime du travail. Il faut de la pratique, de la rigueur, de la discipline. C’est également une question de responsabilité. Les informations véhiculées doivent être véridiques. Écrire pour soi en s’assurant que le rendu a une portée plus générale. Répondre à un besoin personnel tout en apportant aux autres.

Je vous parle de cela car je respecte davantage le dur labeur des auteurs. Quel que soit le produit fini, je reconnais le travail colossal qu’il y a derrière chaque livre. Ainsi, j’essaie d’être plus indulgente dans mes avis littéraires. D’autant plus que c’est parfois une question de sensibilité. A ce propos, je me suis toujours demandé s’il existait objectivement des livres mauvais. Car on retrouve toujours une frange de la population qui se reconnaît dans telle ou telle production littéraire.

Ma confusion est d’autant plus grande lorsqu’il m’arrive de haïr certains livres appréciés de tous. Ce fut le cas avec « Sublime Royaume » de Yaa Gyasi. Je ne m’attendais pas nécessairement à un chef-d’œuvre car son premier roman « No home » ne m’avait pas totalement convaincue. Je lui avais donné cinq étoiles sur Goodreads car  j’y avais énormément appris sur l’histoire des afro-américains et celle du Ghana.

En dehors du côté historique, rien ne m’avait véritablement éblouie. Ni les personnages, ni la plume de l’auteure. C’est donc avec une légère appréhension que je me suis lancée dans la lecture de ce second roman.

« Sublime Royaume » se déroule essentiellement aux États-Unis. Il suit l’évolution de Gifty, jeune afro-américaine d’origine ghanéenne, chercheuse en neurologie. L’auteure, en alternant entre passé et présent, nous expose l’évolution de son histoire personnelle, ses croyances et sa relation avec la science.

Yaa Gyasi tente également d’aborder certains maux contemporains qui gangrènent nos sociétés. J’utilise le therme « tente » car ce fut un échec cuisant. On ne comprend pas trop ce qu’elle a voulu démontrer sur la dépression dans la communauté afro-américaine ; le racisme est abordé de manière superficielle ; la crise des opioïdes aux États-Unis n’est pas assez approfondie à mon goût.

J’ai eu énormément de mal avec la présence constante de la religion. J’avais l’impression de lire la bible. La manière dont elle aborde le thème ressemble beaucoup à celle du livre « Sous les branches de l’udala » de la Nigériane Chinelo Okparanta dont je vous ai déjà parlé ici. Simplement, Chinelo s’y est mieux prise.

A mon sens, les sujets de la dépression chez les Noirs et la crise des opioïdes auraient pu être les grands atouts de ce livre. Ce sont des thèmes moins redondants dans les littératures africaines. Malheureusement, ils n’ont pas été assez bien exploités. Les autres sujets (racisme, religion, etc.) ne marquent pas nécessairement l’esprit car ce ne sont pas des nouveautés et l’auteure n’apporte rien de nouveau au débat.

Ce fut une lecture sans saveur.

En espérant avoir été tendre.

Avec passion,

Dyna.