Les enfants sont une bénédiction

Je me suis beaucoup intéressée aux littératures africaines d’expression anglaise dernièrement. Ce fut un choc dont je me remets à peine. Comment ai-je pu passer à côté de tant de richesses ? Le langage est dépaysant, les mets sont alléchants, les auteurs s’assument pleinement.

Au cours de cette immersion, deux auteures m’ont particulièrement bluffée. Il s’agit de la zimbabwéenne Sue Nyathi et de la nigériane Buchi Emecheta. C’est de cette dernière dont il est question aujourd’hui.

Son livre « Les enfants sont une bénédiction » est une œuvre d’art. Je vous en parlais déjà dans mon bilan 2020. Je ne me lasserai jamais d’en vanter les qualités.  Il m’a rarement été donné de lire une œuvre aussi complète. La dernière fois que j’ai eu ce sentiment, c’était après avoir lu le chef-d’œuvre « L’œil le plus bleu » de Toni Morrison.

Ce livre est un hommage vibrant aux mères du monde. C’est un cri d’amour et de désespoir. Une succession de tragédies et de désillusions. Une vie de combat acharné et d’attente perpétuelle. Une existence tourmentée dans laquelle même la mort n’offre pas le repos.

« Mon Dieu, priait-elle désespérément, quand vas-tu créer une femme qui s’accomplisse en elle-même, qui soit un être humain complet, non pas l’appendice de quelqu’un d’autre ? Après tout, je suis née seule, et je mourrai seule. Qu’est-ce que j’ai à gagner dans tout ça ? Oui, j’ai beaucoup d’enfants, mais qu’est-ce que j’ai pour les nourrir ? Ma vie. Je suis obligée de m’user jusqu’à l’os pour prendre soin d’eux, il faut que je me donne tout entière à eux. Et si j’ai la chance de mourir en paix, il faut que je leur donne mon âme. (…) Quand serai-je libre ? »p.262

A la fin du livre, j’étais vaincue, une larme me coulait sur la joue. L’amour inconditionnel de ma mère s’imposait à moi avec violence. Je me relâchais enfin et laissais libre cours à mes émotions. A cet instant, des sentiments contradictoires m’animaient. Bien-sûr, j’étais anéantie par le destin injuste de Nnu Ego. Mais plus encore, le don de Buchi Emecheta m’émerveillait. Le don de ce que l’art pouvait offrir de plus beau, de plus puissant.

On ne ressort pas indemne de cette lecture.

Avec passion,

Dyna.