Deux femmes d’exception

Je n’ai pas fini de m’extasier au sujet des littératures africaines d’expression anglaise. Pour être honnête, ce n’est que le début. Lors d’une précédente publication, je vous avais parlé de la grande Buchi Emecheta. Aujourd’hui, c’est au tour de la Nigériane Flora Nwapa.

Flora est l’une des pionnières des littératures africaines. Elle en avait assez de voir les hommes noirs brosser un portrait misérable de la femme noire dans leurs œuvres. Elle décide alors de se saisir de sa plume et de raconter sa vérité.

De ses réflexions sont nées deux œuvres importantes : “Efuru”, son premier roman et “One is enough”. 

Efuru est une femme d’exception. Forte, pleine de bonté et de sagesse, elle affronte les innombrables épreuves de la vie avec grandeur et dignité. 

Il m’a rarement été donné de rencontrer un tel personnage dans un contexte rural. C’est une femme professionnellement épanouie qui sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle vaut. Lisez par vous-même ses propos au sujet d’un mari frivole : 

“Je sais que je suis capable de souffrir pour les causes plus nobles. Mais souffrir pour un mari volage, un mari irresponsable comme Adizua, c’est une insulte à la souffrance. Ma souffrance sera plus élevée.”p.67

Flora Nwapa, à travers l’histoire d’Efuru, nous initie également aux traditions du pays Igbo, l’une des ethnies importantes du Nigéria.

De ces deux oeuvres, “one is enough” est incontestablement ma préférée. On y découvre une femme remarquable prénommée Amaka.

Alors qu’Efuru recherchait la douceur d’un foyer, Amaka, elle, préférait jouir amplement de sa liberté retrouvée. Mariée une première fois et incapable de procréer, elle sera délaissée par son époux au profit d’une seconde épouse.

Plutôt que de rester et souffrir en silence comme l’impose la société, elle s’exile à Lagos et prend en main son destin.

Ainsi commence une longue période d’incertitude au cours de laquelle elle se questionnera. Doit-elle prendre un autre époux et regagner le respect de la société ou alors se faire à l’idée que “one is enough” (elle se suffit à elle-même) ?

“Ayo, I don’t want to be a wife any more, a mistress yes, with a lover, yes of course, but not a wife. There is something in that world that does not suit me. As a wife, I am never free. I am a shadow of myself. As a wife I am almost impotent. I am in prison, unable to advance in body and soul.”p.127

Chimamanda Ngozie Adichie nous mettait en garde lors d’une conférence sur le danger d’une histoire unique. Qui mieux que les femmes elles-mêmes pour se raconter ? Ces deux oeuvres vont faire vaciller vos certitudes au sujet de la femme africaine. 

Deux chefs-d’œuvre à lire et à faire découvir.

Avec passion,

Dyna.