N’ayez pas peur d’embrasser vos faiblesses

Il y a quelques jours, je vous ai partagé mon avis sur le roman magistral « Terre Ceinte » du Sénégalais Mohamed Mbougar SARR.

Je vous reviens pour évoquer un thème qui a particulièrement fait écho en moi à travers ce passage édifiant :

On nous ordonne d’être et de rester fort devant tout. Mais pourquoi la faiblesse est-elle interdite ? Pourquoi croire que l’être humain peut se relever de tout ? Il faut accepter la défaite. L’accepter sans se prendre pour un héros, sans l’expliquer. Seulement perdre. Perdre. Savoir lâcher prise, tomber, s’écrouler, se briser complètement. Notre époque a honte de souffrir. Ses souffrances sont rapides, superficielles, sans profondeur, et c’est ça, sa vraie souffrance. On veut être des héros sans en avoir les moyens. On veut être des gens tragiques sans avoir la grandeur d’une tragédie. […] Vous ne croyez pas qu’on peut vaincre la douleur. Pour moi on peut, mais à la seule condition de l’avoir laissée nous tuer d’abord. Revenir à la vie, c’est ça que ça demande.

p.79

Ma mère m’a souvent demandé d’être forte. Selon elle, je suis trop sensible. Je subis les épreuves au lieu de les affronter. Elle n’a pas tort.

Je n’ai jamais été forte. Je vis chacun de mes états avec fougue et violence. Dans les moments heureux, je suis cette lumière qui éblouit le monde. Quand le ciel s’assombrit, je m’enferme dans les ténèbres afin de vivre pleinement mon désespoir.

Quand je vais mal, j’aime aller encore plus mal. Je ne cherche ni à masquer la douleur ni à l’évacuer sous forme de larmes ou de cris. Elle reste tapie au fond de moi. Ce sont des moments privilégiés que je garde jalousement pour moi. Je m’isole dans le noir et je les vis pleinement.

Ces instants d’isolement me permettent de profiter intensément de chaque petit bonheur. Car rien n’est vraiment éternel.

Ce n’est ni par honte, ni par peur du jugement que je garde secrètement ces moments. Simplement, le besoin de les divulguer ne m’anime guère.

Plus jeune, il m’arrivait de solliciter de l’aide, de crier mon désespoir. D’où les remarques de ma mère. Ce temps est désormais révolu. Aujourd’hui, je me complais dans ma solitude.

Et puis, voyons le bon côté des choses. C’est suite aux pires tragédies que naissent parfois les plus beaux textes. Je me nourris de ces aspects peu glorieux pour produire des écrits toujours plus émouvants, parfois sombres je l’avoue.

En somme, chaque situation périlleuse ou heureuse vient avec son lot d’enseignements. Il nous appartient d’en tirer le meilleur.

A mon sens, la vie est une succession de problèmes qu’il faut tenter de résoudre avec philosophie.  Alors embrassez vos faiblesses car en elles réside, quelque part, votre humanité.

Avec passion,

Dyna.