The purple violet of Oshaantu : amitié et sororité en milieu rural namibien

Je n’ai pas beaucoup d’amis.

Les expériences de la vie m’ont appris à ne garder auprès de moi que les personnes en qui j’ai une confiance absolue. Une fois cette confiance trahie, il n’y a pas de retour en arrière possible. Cela explique pourquoi certaines personnes proches de moi pensent être des amis chers mais il n’en est rien.

La vie et mon éducation m’ont rendue solitaire. Cela dit, aujourd’hui plus que jamais, j’accorde une importance capitale à l’amitié. Mes amis, dispersés dans le monde, sont les piliers de mon existence.

J’accorde davantage d’importance à ces liens car ils ne reposent sur absolument rien. Aucun lien de sang, aucune obligation. C’est le concept même de l’amitié qui m’émeut. Deux êtres que rien ne lie décident de s’aimer inconditionnellement et de s’assister dans les épreuves. Il est donc naturellement rare d’avoir ce type de lien profond avec une pléthore de personnes.

J’en ai cinq et je leur donne tout.

Tout cela pour vous présenter le roman « the purple violet of Oshaantu » de la Namibienne Neshani Andreas qui traite, du moins en partie, de l’amitié indéfectible entre deux femmes touchantes.

L’aspect de l’amitié traité dans ce roman m’a profondément touchée pour des raisons évidentes évoquées plus haut. A cela s’ajoutent d’autres thèmes fondamentaux qui font de ce livre un chef-d’œuvre absolu.

Nous suivons deux amies, Mee Ali et Kauna dans un petit village de la Namibie. Mee Ali, narratrice, raconte l’histoire de sa meilleure amie Kauna battue et constamment humiliée par son époux. Contrairement à cette dernière, Mee Ali vit un mariage paisible avec un homme sans histoire qui la respecte et la chérit. Lorsque l’époux de Kauna vient à décéder subitement dans leur foyer, tous les regards se tournent vers elle, suspectée de sorcellerie.

Je me répète peut-être mais ce roman est magnifique. Il est écrit par une femme, qui donne la parole à des femmes pour informer d’autres femmes. C’est une pure merveille. Les hommes ont un rôle secondaire et n’existent qu’à travers les yeux des femmes. D’ailleurs, la société ressemble fortement à un matriarcat non assumé. Les femmes occupent une place centrale dans le village. La plupart des hommes travaillent loin du village et ne reviennent que ponctuellement. Ce sont les femmes qui cultivent les terres, nourrissent les enfants et s’occupent du foyer.

J’ai beaucoup apprécié l’environnement choisi par l’auteure. Les deux amies sont globalement illettrées (Car Kauna a suivi quelques cours avant d’abandonner) et mènent des existences simples ponctuées par les crises de nerf de l’époux de Kauna. On y découvre toute l’organisation d’un village namibien avec les traditions, les mœurs, la place de l’église, les attentes de la société vis-à-vis des femmes, le poids de la belle-famille etc.

La Namibienne confirme ce que je ne cesse de crier depuis un certain temps au sujet de l’Afrique anglophone. Ces auteures savent raconter les femmes et montrer les réalités occultées de l’Afrique. Neshani nous offre une belle brochette de personnages féminins tous nécessaires à la compréhension de la place complexe occupée par les femmes en Afrique. Elles ont un rôle fondamental, elles ont des personnalités fortes, elles font des choix, elles se prennent en main et en charge, elles décident d’être heureuses !

De prime abord, l’histoire peut sembler triste. Encore une affaire de femme battue me diriez-vous. Détrompez-vous ! Cette partie est finalement secondaire et justement, l’évolution du personnage de Kauna est tout à fait remarquable.

Pour finir, j’ai énormément apprécié la construction de l’œuvre, le style de l’auteure. Les personnages sont introduits au fur et à mesure de l’œuvre et leur histoire dévoilée progressivement. Ce qui permet d’être tenu en haleine tout le long.

Que dire de plus ? C’est une œuvre magistrale !

Avec passion,

Dyna.