A tous ces chefs-d’œuvre que je ne relirai pas…

Il est toujours périlleux de se lancer dans la relecture d’une œuvre que l’on a autrefois adoré.

Je le sais depuis cette drôle d’aventure avec le roman « Celles qui attendent » de la Sénégalaise Fatou Diome. Je l’ai lu pour la première fois en 2017. C’était avant que les littératures africaines m’envoûtent complètement et constituent la majeure partie de mes lectures.

Je débutais donc et pour moi, c’était le chef-d’œuvre absolu. J’avais énormément aimé l’immersion dans un petit village sénégalais et retrouvais avec allégresse un environnement africain longtemps quitté.

Deux ans plus tard, j’ai décidé de me replonger dans ce que, jadis, j’avais qualifié d’œuvre majeure. Ce fut le drame. Il m’a fallu beaucoup de détermination pour venir à bout du livre. Fatou Diome y utilise le lyrisme à outrance. Elle tente d’y inclure des réflexions philosophiques, mais cela essouffle à force. En réalité, elle en fait trop.

Je suis ressortie traumatisée de cette expérience. Et depuis, je n’ai plus lu aucune de ses œuvres. Il faut dire que je n’avais pas non plus aimé « Inassouvie nos vies » pour les mêmes raisons.

Fort heureusement, cela n’est pas toujours le cas.

J’ai déjà lu trois fois « une si longue lettre » qui s’apparente à ce que je pourrais qualifier de « livre préféré » même si je reste prudente avec une telle formulation. A chaque relecture, je retrouve avec grand plaisir la plume de Mariama Bâ et les déboires de ma chère et tendre Ramatoulaye. Tourner la dernière page de ce roman est toujours un déchirement…

« La route des clameurs », chef-d’œuvre de l’auteur malien Ousmane Diarra m’a également épatée. Lors de ma relecture, j’ai davantage saisi les nuances de son propos et la beauté de cette œuvre magistrale. La maturité acquise au fil des années de lecture m’a permis de toucher l’essence du roman lors de cette seconde immersion. Cette relecture était nécessaire.

Il y a aussi eu « la métamorphose » de mon très cher Kafka. Dieu que j’aime cet écrivain ! Cette deuxième lecture m’a permis de confirmer son talent et de saisir toute l’immensité de cette œuvre d’art.

En somme, je n’ai pas eu que de mauvaises expériences. Pour autant, le souvenir du roman de Fatou Diome reste vif dans mon esprit et me revient avec violence à chaque nouvelle tentative de relecture.

C’était le cas récemment avec le roman « l’autre moitié du soleil » de la Nigériane Chimamanda. Ce livre est mon préféré de l’auteure. Il avait énormément rémué la jeune fille que j’étais à l’époque et j’en garde un souvenir poignant.

Elle y décrit avec brio la déchéance progressive d’une famille autrefois au sommet de la hiérarchie sociale. Les effets de la guerre sur les Hommes et leur quotidien y sont rapportés de manière spectaculaire.

Il me tardait de pouvoir m’y replonger. Kainene me manquait et je voulais revivre ce tourbillon d’émotions qui m’avait tant secouée.

Après une centaine de pages lues, j’ai tout simplement abandonné. Les œuvres de Chimamanda sont ainsi faites. Elles tardent à démarrer pour ensuite se terminer de la plus belle des manières.

Je le sais mais je n’ai plus la force de cette attente. Je ne suis plus la même personne. Et pour ne pa risquer de détester une œuvre que j’ai autrefois tant aimé, j’ai préféré abandonner.

« Un homme » de Philip Roth risque de subir le même sort. C’est le livre qui a eu le plus grand impact sur ma personne. Je dis souvent que c’est le meilleur livre que je n’aie jamais lu. Nous avons une histoire particulière que je raconterai sans doute un jour. Pour l’heure, je préfère ne pas relire cette œuvre afin de garder en moi intact le souvenir de ce grand moment d’humanité.

À tous ces chefs-d’œuvres que je ne relirai pas, vous faites partie de moi.

Avec passion,
Dyna.