La dure condition féminine dans le Zimbabwe rural du début du XXe siècle à travers l’histoire de Chinongwa

Je pensais avoir tout vu en littératures africaines. Les mariages forcés, les viols conjugaux, les mutilations génitales, les femmes battues, la polygamie imposée, toutes ces pratiques ignobles qui ne font point la grandeur d’un peuple.

Rien ne me préparait à ce que j’allais découvir dans “Chinongwa” de l’auteure zimbabwéene Lucy Mushita.

Avant tout, contextualisons les choses. L’histoire se déroule dans un village du Zimbabwe au début du XXe siècle. Il y a toujours une forte présence de l’empire colonial britannique.

Les anglais avaient pour coutume d’exproprier les pauvres habitants de leurs terres, seule source de revenus, propageant ainsi une grande misère.

Pour survivre, certains habitants échangeaient leurs filles contre de la nourriture. Vous comprendrez qu’il était hors de question de céder les garçons, ces êtres valeureux qui n’apportent que bénédiction à une famille.

Alors que “la femme est le pilier sur lequel repose ce monde, ce qui implique de porter fièrement son fardeau, ne serait-ce que pour le bien de ses enfants”.

C’est ainsi que l’on essaye d’endormir les femmes dans quasiment tous les pays d’Afrique subsaharienne. Faire passer leur infortune pour une preuve de grandeur. Ah que c’est agaçant !

Pour en revenir au livre, Chinongwa savait dès l’âge de neuf ans qu’elle serait cédée, comme sa grande sœur avant elle, pour de la nouriture. Elle évoluait donc dans une atmosphère de crainte et se sentait indésirable.

La suite de l’histoire est une succession d’horreurs et d’humiliations.

La pauvre enfant se retrouve seconde épouse d’un vieillard qui ne l’utilise que pour procréer ou assouvir ses besoins d’homme.

Elle sera ignorée, méprisée, moquée, souillée, déshumanisée. 

Comme je le disais plus haut, je pensais avoir tout vu. Rien ne m’avait préparé à cela. Ce livre m’a brisé le cœur en mille morceaux, d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels.

C’est un chef-d’œuvre. La plume de l’auteure est poétique, la construction de l’œuvre est épatante et on y apprend énormément sur la culture zimbabwéene.

Nous reparlerons de ce livre.

Avec passion,

Dyna.