Sur la question du mariage toxique avec le marocain Tahar Ben Jelloun

Le mariage n’est rien d’autre qu’une déclaration de guerre célébrée en musique, avec de la bonne nourriture, des parfums, des encens, des beaux habits, des promesses, des chants, etc.

p.245

Cette phrase effroyable est issue de ce livre, « le bonheur conjugal », du marocain Tahar Ben Jelloun. Voyez-vous toute l’ironie autour de ce titre ?

La lecture de ce livre n’a pas été une partie de plaisir pour la jeune/future mariée que je suis. C’est un champ de bataille avec d’un côté les hommes et de l’autre les femmes et une seule issue possible la soumission de l’un ou l’autre.

Les mariages qui réussissent dans ce livre sont ceux d’hommes soumis, déshumanisés. Les femmes veulent dominer. C’est cela ou se faire écraser. Lorsque les hommes résistent, le foyer devient invivable, une confrontation permanente où tous les coups sont permis.

C’est évident, ce livre a été écrit par un homme. D’ailleurs, la femme y est souvent décrite comme un bout de viande, la réduisant à son physique qui décline et entre en décrépitude (l’auteur ne manque pas de le souligner) au fil des ans.

Les femmes veulent ne former qu’un avec leurs conjoints, une relation fusionnelle basée sur l’honnêteté, l’entraide, la fidélité et le respect. Les hommes veulent mener une vie de célibataire (sorties intempestives, conquêtes, voyages) tout en bénéficiant des avantages du mariage (repas servis, maison bien tenue, enfants éduqués).

Ce livre est un dialogue de sourd. Chacun rejette la faute sur l’autre. C’est l’histoire d’un peintre issu d’une famille aisée de Fès et d’une femme beaucoup moins âgée et originaire d’un village dans les montagnes.

Tout les séparait : l’argent, la classe sociale, la langue, le niveau d’étude, la différence d’âge, la culture et enfin et surtout la vision du mariage. Il s’entête à s’unir et c’est le drame.

La femme se sent délaissée, trahie, humiliée. L’homme étouffe, il se dit sous emprise.

Chacun a sa part de responsabilité dans l’échec de ce mariage qui à mon sens n’aurait jamais dû être contracté.

C’est connu, l’amour est nécessaire mais ne suffit pas à réussir une union.

Ce livre est à mon sens une merveille (lorsque l’on passe outre la représentation de la femme). L’auteur nous dépeint un Maroc fortement marqué par les conflits de classes. Il évoque le problème très souvent négligé des hommes battus et nous offre une représentation du mariage dans toute sa toxicité.

À lire absolument !

Avec passion,

Dyna.