De la nécessité de lire nos écrivains préférés jusqu’à l’écœurement

Lorsque l’on aime le génie d’un écrivain, il faut lire ses œuvres jusqu’à l’écœurement.

C’est Boubacar Boris Diop qui m’a éclairée sur cette manière de procéder pour la première fois. Dans une interview accordée à l’émission “héritages” diffusée sur YouTube, il affirmait la nécessite de lire et relire nos œuvres préférées.

À la première lecture, on découvre l’univers de l’auteur. À la deuxième, on se concentre davantage sur son style et la construction de l’œuvre pour parvenir ou dénouement qui ne nous est plus inconnu. Les autres fois, on approfondit sa compréhension de l’œuvre, chaque immersion apportant un angle ou un éclairage nouveau.

Pour ma part, j’ajouterais qu’il faut également lire les autres œuvres de l’auteur. C’est en tout cas la décision que j’ai prise suite à la lecture du “miel et de l’amertume” de Tahar Ben Jelloun.

“Le mariage de plaisir”, première œuvre lue de lui, m’avait informée sur une tradition musulmane inconnue. J’avais moins accroché au style romanesque.

La deuxième, “le bonheur conjugal”, m’a complètement remuée et tenue en haleine du début à la fin. Un grand livre.

La troisième, “le miel et l’amertume”, a achevé de me convaincre sur le talent indéniable de l’auteur. J’étais en extase total durant mon immersion. On y découvre la déchéance d’un couple suite au suicide de leur fille.

J’aime décidément tout dans la démarche de cet auteur. Son style, ses analyses sociologiques du Maroc et psychologiques de ses personnages (complexes comme je les aime), ses nuances (pas de notion de bon ou de mauvais, la frontière est si fine), ses dénonciations des tares de la société, la fluidité de sa plume, etc.

Pour en revenir à la nécessité de lire les autres œuvres, ou du moins les œuvres majeures de l’auteur, je dirais que c’est le meilleur moyen pour commencer à comprendre un auteur et saisir sa pensée dans sa globalité.

J’ai le sentiment que nos chers génies sont souvent engagés dans un processus au cours duquel chaque œuvre marque un tournant et apporte quelque chose à l’ensemble.

À ce propos, Moussa Konaté disait que son œuvre “L’Afrique noire est-elle maudite?” était le livre de sa vie, celui vers lequel tous les autres tendaient.

J’ai donc pris la décision de lire les œuvres majeures de tous ces grands auteurs qui, le temps d’une œuvre ou deux, ont remué mon humanité toute entière.

Il y aura Tahar Ben Jelloun, Sembène Ousmane, Philip Roth, Ahmadou Kourouma, Aminata Sow Fall, Buchi Emecheta, Flora Nwappa, Guy de Maupassant, Awa Thiam, Kafka, etc.

Avec passion,
Dyna.