Inférioriser les langues locales et endoctriner un peuple – le cas du Kenya

Je continue cette semaine mon immersion dans la vie passionnante de Wangari Maathai et par extension dans l’histoire plus grande du Kenya.

Une pratique courante à l’époque de l’occupation britannique était d’interdire aux élèves de parler leurs langues nationales.

Ainsi des systèmes de sanctions étaient mis en place pour humilier ceux qui s’entêtaient à échanger en langues locales.

Cette pratique contribue à rendre trivial tout ce qui est africain et conduit à créer un complexe d’infériorité chez les populations, dès la tendre enfance. Les langues locales sont ainsi reléguées au statut d’inférieur.

Wangari a été confrontée à cela lors de son passage à l’école coloniale. Elle nous raconte que, plus tard, lorsque ses camarades et elle ont formé l’élite kenyane, ils ont inconsciemment reproduit ces schémas entre eux en privilégiant les échanges en anglais.

Pourtant les langues nationales sont d’une importance capitale comme moyen de communication et vecteur de la culture, la connaissance, la sagesse et l’histoire d’un peuple.

Lorsque je lis Wangari, je me rends compte de la chance immense que j’ai de parler l’une des langues du Mali, le bambara. Je peux penser et rêver dans une langue autre que le français ou l’anglais. J’ai le privilège de pouvoir échanger avec les populations rurales du Mali dans un langage qu’elles comprennent. C’est un moyen redoutable pour avoir de l’impact.

En réalité, je suis issue de la communauté Peulh de part mon père et de celle bambara du côté de ma mère. Donc si l’on se défait du système patriarcale qui consiste à dire que l’on est issu de la communauté du père, on peut affirmer que le bambara est aussi ma langue. Je ne parle pas encore le Pular mais je compte y remédier très prochainement.

Je suis en train de développer toute une réflexion autour de l’emploi des langues nationales en littérature notamment et de leur importance sur la construction de l’individu.

N’gugi Wa’Thiongo m’a déjà sensiblement initiée à sa pensée dans son magnifique ouvrage “Pour une Afrique Libre”.

J’ai longuement échangé avec Hélo sur le sujet qui m’a confirmé qu’il approfondissait son argumentaire dans son livre “Décoloniser l’esprit”.

Ainsi, j’attends de m’imprégner de cette œuvre avant de vous livrer le fond de ma pensée sur la question.

En attendant, je remarque que les colons ont utilisé les mêmes techniques un peu partout en Afrique pour diaboliser les cultures locales et endoctriner les populations.

J’en viens à me demander si pour cela, ils n’auraient pas mené des études communes sur “comment asservir des peuples de manière rapide et efficace?”. Échangeaient-ils des bonnes pratiques entre eux ? La question mérite d’être posée.

Avec passion,
Dyna.