Ces attributs qui font de Mariama Bâ ma mère spirituelle – Déclaration d’amour d’une lectrice passionnée

Je suis tombée amoureuse de Mariama Bâ sans véritablement la connaître. Tout commence au collège, alors que novice en matière de littératures africaines, je dévore pour la première fois sa si longue lettre. Deux relectures s’en suivront, à une poignée d’années d’intervalle.

Si chaque immersion me rapprochait un peu plus d’elle, le coup fatidique ne m’a été porté que récemment, après lecture de sa biographie.

Jusque-là, Mariama Bâ était celle qui se rapprochait le plus de la femme que j’aspirais à devenir : une grande écrivaine qui s’évertue à dénoncer les tares de sa société. En lisant, « Mariama Bâ ou les allées d’un destin » de Mame Coumba Ndiaye, j’ai fait la connaissance d’une femme révoltée qui rassemble en elles quelques-uns de mes plus fous attributs.

Ainsi m’est venue l’idée de partager dans ce qui suit et à travers ses écrits, quelques valeurs et traits de caractère qui font d’elle ma mère spirituelle.

Mariama Bâ était une femme très pieuse :

Ma foi m’a souvent sauvée. Elle m’a sauvée de l’ennui et du désespoir. Grâce à elle, je ne connais pas l’envie qui fait de ses prisonniers des êtres malheureux. En mon sein, la rancune ne peut épanouir ses fleurs empoisonnées. Au bord de la vengeance, je reste figée.

Mariama Bâ

Dans sa quête incessante de savoir, elle a toujours bénéficié du soutien indéfectible de son père, un être hors du commun et pionnier de l’émancipation féminine.

En même temps que l’école, mon père fortifiait mes acquis. Financier mais homme de lettres, il m’apprit à lire. Ses retours de voyage m’inondaient de livres. Je lui dois de savoir m’exprimer oralement.

Mariama Bâ

A l’instar de Ramatoulaye, Mariama Bâ ne concevait pas le bonheur hors du couple. Elle avait fait de l’amour un mythe, l’essence même de son existence. Sa première tentative se solde, hélas, par un échec.

Je suis entrée dans le mariage avec les illusions et l’enthousiasme qui caractérisent la jeunesse. J’avais souhaité la dislocation de toutes les entraves. J’avais rêvé d’épanouissement dans la dignité. J’avais cru possible l’alliance des valeurs de l’ordre ancien et de notre idéal de liberté.

Mariama Bâ

S’en suivront deux autres séparations. Elle n’a que faire des convenances sociales. Son bien-être, son épanouissement et son besoin de réalisation surplombent le reste.

Bien avant d’entamer une carrière d’écrivaine, Mariama Bâ était sérieusement impliquée dans plusieurs associations luttant pour les causes féministes. A la question de savoir si elle était féministe, elle répondait :

Si être féministe signifie révéler les tares d’une société, alors je le suis.

Mariama Bâ

La littérature s’impose à elle dans les derniers instants de sa vie. Mariama Bâ est de ceux dont les œuvres confondent réalité et fiction, les deux sont indissociables. Elle a ainsi fait don de sa personne à deux de ses personnages, Ramatoulaye et Aissatou, chacune renfermant quelque part une composante de sa personnalité.

Mariama Bâ a fait de la littérature un acte de militantisme et un levier de dénonciation des problèmes sociétaux. Pour ces raisons et bien d’autres, elle a mon plus grand respect.

Que son combat ne soit pas vain !

Avec passion,

Dyna.