Sur la difficulté d’être une femme – Notes sur le syndrome prémenstruel (SPM)

Il m’arrive de penser qu’il est épouvantable d’être une femme. Dans ces moments-là, je le regarde furtivement, avec des yeux pleins d’envie. L’insoutenable légèreté avec laquelle il appréhende la vie. Toujours égal à lui-même, l’air de survoler l’existence avec aisance et désinvolture presque. Qu’il doit être agréable d’être un homme parfois…

Lundi, cinq heures du matin, mon réveil sonne. Je dois me traîner hors du lit. Le cœur n’y est pas. Je ne veux pas aller au bureau. Je ne veux pas affronter le monde. Toute idée d’interactions sociales m’écœure. Je broie du noir. Intérieurement, c’est le chaos. J’ai un nœud à l’estomac. Quelque chose m’effraie sans raison apparente. J’appréhende ma journée, ma semaine. Je me doute de ce qui se passe. Les hormones ont pris le contrôle. Elles règnent désormais sur le royaume de ma paix intérieure. Ce sera une semaine pourrie, je le sais.

Cette semaine, je prendrai tout personnellement. Le moindre commentaire négatif prendra des proportions insensées. Je repenserai à tout ce qui ne va pas, à toutes les épreuves que j’ai pu traverser, à la maladie, je ressasserai sans cesse le passé dans une douleur infernale.

Les hormones ne me laisseront aucun répit. Après un long retour vers le passé, je me projetterai dans un futur sombre et sans espoir. Plusieurs options s’offriront alors à moi. Envisager des scénarios sur ma mort prochaine ou imaginer la douleur du vide que laisseront mes proches.

Au bureau, l’état dépressif sera accompagné de crises d’angoisse sporadiques à chaque difficulté rencontrée.

A la maison, le moindre écart de sa part entraînera des émotions internes démesurées qui parfois se matérialiseront par des réactions disproportionnées. J’aurai moins de patience. Je serai facilement irritable.

Lorsque, impuissante, mes hormones prennent le dessus, c’est toute ma personnalité qui s’en trouve changée. La jeune femme pleine d’énergie et de joie de vivre laisse place à un corps léthargique, fatiguée de vivre, morose et pessimiste. La phrase suivante tourne en boucle dans ma tête : « it’s so hard to be alive », « Qu’il est pénible d’être en vie ».

Et je ne suis pas la seule comme en témoignent ces confessions reprises mot pour mot :

Alors personnellement, c’est mon mari qui me l’a fait remarquer ! Je pars beaucoup dans des crises de larmes assez intenses, je lui reproche 1001 choses, je suis très triste, j’ai une descente d’énergie incroyable ! Je dors beaucoup et je n’ai aucune volonté. Jusqu’à présent j’essaie de reconnaître les signes.

K.

Une expérience aléatoire pour moi. Certains mois je n’ai rien, d’autres mois je pense que je vais mourir tellement j’ai mal et/ou tellement je suis déprimée. Bon pour la déprime souvent je finis par réaliser que je vais avoir mes règles et j’attends que ça passe. 

V.

Pour ma part ça amplifie à fond mes troubles psychiques. Ces derniers mois, ça intensifie ma dépression et mon anxiété jusqu’à me provoquer des pensées suicidaires. Pas de médications. Sport, sauge, soins de soi … pour le moment je n’ai pas trouvé de solution fiable 

T.

C’est juste horrible ! Mes seins doublent de volume et deviennent si sensibles, je suis ballonnée constamment. J’ai tout le temps faim. Je pleure pour un rien et c’est le moment où je remets tout en question dans ma vie. 

H.

Pire moment du mois, je prie fort même pour que mes règles arrivent car c’est la délivrance pourtant je n’ai même pas de règles abondantes ou autres mais des crampes prémenstruelles, des bouffées de chaleur, des douleurs articulaires.

AD.

Fatigue extrême, sensibilité accrue, je peux pleurer une heure durant, ou te crier dessus pour un stylo, sautes d’humeur, manque de concentration, ballonnements.

AY.

Cela dépend vraiment des cycles, mais parfois, c’est hard. Des pensées très sombres. L’impression que rien ne va dans ma vie alors que tout allait bien la semaine d’avant. Une profonde tristesse et zéro énergie. Pour moi, le SPM est éprouvant mentalement, tandis que les règles, c’est physiquement que c’est dur.

O.

Moi en vrai comme SPM je n’ai que les crampes, mais pas trop intenses… c’est quand ça commence réellement que je suis au bout de ma vie ! Le sentiment d’inconfort, l’envie de rien, la nervosité. 

B.

Je suis globalement triste, je n’ai envie d’interagir avec personne. Je n’ai envie de rien faire, juste rester au lit et regarder des séries. Je me surprends aussi maintenant à m’énerver pour un rien…

AS.

 Moi je suis irritable et j’ai mal au ventre. Et des envies de sucreries. 

KS.

I experience nausea, back pain, headaches, severe cramping, breast tenderness. Some months, I feel overwhelmed and stressed. In the past, before marriage and motherhood, I could indulge in my favorite foods or order takeout. I used to soothe myself with hot water bottles and movies, especially after work. My period pain is very heavy and uncomfortable, but I could rest when needed. Now, as a wife and mother, I must continue with my daily tasks despite the pain. I find it frustrating that I have to plan, cook, and clean, regardless of my condition.

MW.

Pour en revenir à mon expérience, avant, je cherchais par tous les moyens à sortir rapidement de cet état autodestructeur. Je ne lui laissais absolument pas le choix. Il ne devait point s’éterniser. Je m’efforçais alors de garder mon sourire en toute circonstance. Je maintenais mes séances de sports qui, je dois l’avouer, me faisaient beaucoup de bien.

Mais tout a changé depuis quelque temps. Une vidéo m’a permis de comprendre l’importance d’écouter son corps et de vivre au gré de ses saisons. Il s’agit de l’intervention de Dinara Mukh sur TEDX Talks intitulée « Your menstrual cycle is your superpower ». Ces informations se retrouvent également dans l’article « Understanding the ‘seasons’ of your menstrual cycle » publié sur le site Nature’s Best.

En somme, Dinara nous apprend que notre cycle menstruel dure en moyenne vingt-huit jours divisés en quatre saisons. Chaque saison correspond à un état d’esprit dont il faut tirer le meilleur. Il ne s’agit pas d’essayer de repousser nos émotions comme j’avais tendance à le faire.

L’hiver commence le premier jour des règles et marque le début d’une saison d’hibernation. Les hormones de reproduction sont à leur niveau le plus bas, entraînant de la fatigue et une sorte d’apathie. C’est le moment de réduire au maximum les interactions sociales. Le corps doit s’y reposer pour préserver le peu d’énergie qui lui reste.

Ensuite, le printemps s’installe. Cela s’étend de la fin des règles jusqu’à la période de pré-ovulation. Le taux d’œstrogène augmente. Après une période morose, l’horizon semble s’éclaircir, l’espoir renaît. C’est le moment de retrouver ses amis, de tirer le meilleur de sa créativité et d’expérimenter des idées nouvelles.

Le pic d’œstrogène annonce l’arrivée de l’été. C’est la période d’ovulation. Nous avons une très grande confiance en nous-mêmes. C’est le moment idéal pour les grands bains de foule et les sports extrêmes. Nous nous sentons invincibles.

Puis arrive le moment tant redouté, l’automne, avec son syndrome prémenstruel (SPM). Le taux d’œstrogène baisse, celui de progestérone augmente. L’anxiété, la mauvaise humeur, les pleurs incontrôlés s’installent. Dans ces moments troubles, soyons gentilles et patientes avec nous-même. Il n’est un secret pour personne que l’automne est une période instable. C’est normal que nos émotions fassent les montagnes russes. Ce n’est que passager. Acceptons cela, et préparons-nous avec soin à accueillir l’hiver.

Bien entendu, ces saisons varieront sensiblement d’une femme à une autre et en fonction des substances externes ingérées. Le plus important est d’écouter notre corps, d’accepter l’enchaînement des saisons et d’y adapter notre vie sans remords.

Avec passion,

Dyna.