Un chef-d’œuvre ! Quel chef-d’œuvre !
Quand j’étais enfant, mon père m’offrait des BD. Je tournais les pages avec frénésie, émerveillée par les illustrations…
En grandissant, j’ai évolué vers le roman. Je préférais les textes aux dessins. Rien d’étonnant eu égard à mon amour pour les mots…
Alors, lorsque ma collègue du Book & Brunch m’a parlé d’une séance exceptionnelle autour d’une BD, j’ai accueilli la nouvelle avec une pointe d’appréhension…
« PEYI AN NOU » est une BD écrite par deux femmes engagées : Jessica Oublié et Marie-Ange Rousseau. Elle retrace l’histoire du BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans le départements d’outre-mer).
Le BUMIDOM est le bureau qui s’occupait de l’organisation des migrations des ressortissants des DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion) vers la métropole. Les causes de la création de ce bureau étaient les suivantes :
- Fort taux de natalité dans les DOM, pauvreté, malnutrition et taux de chômage élevé : BUMIDOM pour réduire la population dans ces départements dits « surpeuplés ».
- Crise économique et politique dans les DOM : BUMIDOM pour étouffer la contestation et mieux maîtriser la population.
- Manque de main-d’œuvre dans la fonction publique en métropole. Or, seuls les Français pouvaient occuper ces postes. Ces derniers rejetaient ces emplois jugés au bas de l’échelle : BUMIDOM pour obtenir de la main-d’œuvre Française et à moindre coût.
Les candidats à l’exil le faisaient volontairement, bercés par l’image de cette métropole promettant monts et merveilles. La désillusion ne se faisait point attendre…
J’ai lu cette BD d’une traite… 200 pages d’extase et d’orgasme intellectuel. Enfin, j’ai pris une pause de quelques heures, effrayée à l’idée de tourner la dernière page.
Un pur chef-d’œuvre ! Je le dis et le redis !
Si comme moi, vous êtes animés d’une soif intarissable d’apprendre, cette BD est faite pour vous ! Elle va au-delà du BUMIDOM et retrace une grande partie de l’histoire des Antilles entre révoltes, migrations et retour au pays…
C’est un vibrant hommage à tous ces Français traités comme des étrangers dans un pays qu’ils pensaient être le leur : la France.
Avec passion,
Dyna.
