Aminata ZAARIA, un esprit libre

« Je sais que je risque les flammes de l’enfer, mais je suis prête à tout pour échapper à la pauvreté. Et puis, le Bon Dieu tiendra peut-être plus compte des supplices subis ici-bas que de mes péchés. Il suffira de Lui expliquer que j’en avais marre de la médiocrité ambiante pour qu’Il m’accorde sa grâce infinie. Ainsi, le jour du Jugement dernier, il m’enverra pas dans les braises où cuisent les femmes qui ont eu des rapports sexuels avec des hommes qui boivent de la bière, mangent du porc refusent de jeûner durant le mois sacré. »p.11

Ainsi débute ce livre… Mais avant, parlons de l’auteure…

Lorsque je découvris Aminata ZAARIA, Sophie Dièye de son vrai nom, ce fut le coup de foudre. Elle s’est prématurément éteinte en 2016 à l’âge de 42 ans des suites d’un diabète. Mon cœur en fut meurtri.

Elle est de ces femmes qui ont fait le choix de vivre en paria. L’image de la femme Sénégalaise parfaite qui se soumet aux exigences de la société ne l’intéressait pas. Les critiques et les jugements lui glissaient sur la peau…

Si vous me suivez sur Twitter, vous comprendrez mon vif intérêt pour cette dame. Il y a quelques jours, je publiais ceci : « A mon sens, la liberté la plus fondamentale est celle de l’esprit. ». C’est une quête perpétuelle qui me hante au quotidien. Vous comprendrez aussi pourquoi mon personnage préféré de roman est la brillante Kainene dans « l’autre moité du soleil » de Chimamanda. Femme libre dans tous les sens possibles du terme.

Cette quête est celle de toute une vie. Je ne la dissocie guère de l’accession à la sagesse ultime. Mener son existence telle que l’on l’entend dans le respect de ses valeurs et ses principes et ce, en dépit du jugement d’autrui…

Enfin bref, trêve de bavardages…

Ainsi, après avoir découvert Sophie Dièye, je me suis empressée de me procurer son premier roman « La nuit est tombée sur Dakar ». L’histoire se situe entre la fin du XXe et le début du XXIe siècle au Sénégal. Il traite de la misère profonde, du manque de perspective et par ricochet, de ce qui pousse les jeunes filles noires dans les bras de vieux blancs fortunés.

Lire la biographie de l’auteure avant de s’imprégner de cette œuvre nous fait prendre conscience de toute la dimension, quelque peu, autobiographique. Dior Touré et sa meilleure amie refusent de se plier aux traditions de leur village et d’accepter un destin tout tracé mêlant polygamie, soumission et misère. Elles rêvent de grandeur et entendent bien arriver à leur fin auprès de leurs vieux amants blancs.

C’est le récit d’une quête… de liberté et de reconnaissance… une quête d’amour et de jouissance dans un pays profondément marqué par les traditions, les superstitions et la misère.

L’auteure a un vocabulaire cru et vulgaire comme pour confirmer qu’elle ne sera jamais cette fille « bien », cette fille « comme il faut »…

Le roman se lit quasiment d’une traite.

Avec passion,

Dyna.