Cœur du Sahel : une immersion dans le nord du Cameroun

Son premier roman, “Les impatientes”, avait suscité en moi de vives émotions. Entre colère, incompréhension et profonde tristesse.

J’avais de grandes attentes pour “Cœur du sahel”. Il est certes différent, moins axé sur les émotions et porte davantage sur une dénonciation d’injustices sociales.

Djaïli m’a une fois de plus conquise. J’ai énormément appris dans ce livre. Étant moi-même issue de la grande communauté des Peulhs, j’ai été surprise d’apprendre leur présence et leur statut au nord du Cameroun.

Dans cette region du Cameroun, les jeunes filles des montagnes issues de famille très pauvres se rendent en ville à la recherche d’emploi pour subvenir aux besoins de leur famille restée au village.

Elles sont le plus souvent employées comme domestiques dans les riches familles de Peulhs. Ces emplois précaires et ardus sont souvent très peu rémunérés et exposent les filles à différentes formes de maltraitances (viol, mauvais traitement et mépris de classe).

Dans le cas où les patrons estiment que le nom d’origine des domestiques est compliqué à retenir ou trop barbare, ils n’hésitent pas à les renommer.

D’ailleurs les Peulhs appellent toutes les autres communautés “kaado”. Ce terme péjoratif et méprisant désigne “ceux qui ne sont pas Peulhs”, tous ceux de la classe dite “inférieure”.

En somme, ce livre est très instructif. Il est également important car il donne la voix aux sans voix et met en lumière le combat d’une communauté marginalisée et exploitée.

J’émets néanmoins une réserve sur le manque de nuance de l’auteure. Le sujet est traité de manière trop manichéenne à mon goût avec les pauvres domestiques exploitées d’un côté et les méchants patrons Peulhs de l’autre.

Je suis moi-même originaire d’un pays où ces pratiques sévissent. Il est vrai que les rémunérations sont assez basses et que les familles en demandent souvent trop aux domestiques. Des cas d’exploitations existent aussi. 

Mais c’est comme dans tout, il y a de bons patrons et de mauvaises domestiques. Et c’est peut-être ce qui a manqué dans cette œuvre. Cette nuance. Tout n’est jamais blanc ou noir.

Avec passion,

Dyna.