Solitude de la femme africaine leader ~ Conséquences probables de ses luttes

The message was clear : Every other woman who contested her husband or the (male) authorities was being told, “if you try to be anything but what you ought to be, we will treat you exactly the way we have treated her. So behave women!

« Unbowed », Wangari Maathai, p.151

“Her”, c’est la kényane Wangari Maathai. Je vous en avais déjà parlé dans un précédent article. Elle s’est retrouvée emprisonnée après un divorce houleux et hautement médiatisé.

Son époux l’a littéralement traînée dans la boue l’accusant d’adultère et d’insubordination. Il remporte le procès et n’est assujeti à aucune obligation financière envers ses enfants.

Wangari est consciente de l’injustice autour de cette sentence. Elle s’en plaint dans la presse, qualifiant le juge de corrompu ou d’incompétent. S’en était de trop pour les autorités rangées du côté de son époux politicien. Elle est jugée et emprisonnée.

En réalité, ce qui importunait son époux et la société toute entière, c’était son niveau d’éducation et son indépendance d’esprit. Elle représentait une menace pour l’ordre établi, le patriarcat. Il fallait la réduire au silence.

Dans la presse apparaissent des commentaires comme celui-ci :

he wanted a divorce cause she was too educated, too strong, too successful, too stubborn, and too hard to control.

« Unbowed », Wangari Maathai, p.146

J’ai d’ores-et-déjà souligné dans un tweet l’importance du père et de l’époux dans la vie d’une femme africaine. Un bon père vous ouvre les portes du savoir à travers l’école, les livres voire les voyages. Un bon époux ne vous met pas de bâtons dans les roues, ne se sent pas en danger devant vos réalisations et vous accorde assez d’espace pour vous accomplir pleinement.

À la place de Wangari, bon nombre de femmes, auraient étouffé leurs ambitions pour le bien de leur époux et de la communauté.

Wangari choisit de se battre. Tour à tour accusée d’insoumission puis stigmatisée comme femme divorcée et enfin qualifiée de désobéissante par les autorités, elle ne reculera devant aucun obstacle pour atteindre ses objectifs et s’affirmer en tant que femme leader.

Ses passages inspirants, lus avec passion il y a quelques jours, m’ont rappelé une discussion houleuse que j’ai eue avec Voltan.

Nous échangions sur la dure condition féminine au Mali et les disciminations basées sur le genre.

Sans rentrer dans les détails, nous n’étions pas d’accord comme d’habitude. J’affirmais qu’il y avait trop d’inégalités et d’injustices, lui répliquait que je généralisais trop et que cela relevait de notre culture.

Il m’a posé cette question qui m’a un peu prise au dépourvu : que ferais-tu si tu te rendais compte, après tes campagnes de sensibilisation, que les femmes préfèrent en réalité la situation dans laquelle elles se trouvent aujourd’hui ? 

J’avoue ne m’être jamais posée cette question. Selon moi, il y a un problème profond et les femmes ont tellement été  endoctrinées qu’elles sont aujourd’hui celles qui perpétuent ce système inégalitaire.

Lorsque j’apprends que des femmes ministres annulent des voyages d’affaires ou rentrent plus tôt que prévue pour ne pas s’attirer les foudres de leurs époux, je me dis que les défis à relever sont encore pires que ce que j’imaginais.

Le poids de la culture et la peur d’être ostracisées poussent les femmes les plus éduquées à se conformer au rôle secondaire qui leur est attribué dans la société.

Pour en revenir à l’interrogation soulevée par Voltan, j’ai pris peur. Je lui ai répondu que j’abandonnerai. Selon moi, cela voudrait dire que la société malienne n’est tout simplement pas prête à évoluer.

Imperturbable, il m’a assené que les grands changements doivent être imposés si, en tout cas, l’on est persuadé qu’ils concourent au bien-être de la société.

La révolution nécessite du courage et des sacrifices et si ce en quoi je crois contribue selon moi au développement de mon pays, alors je dois me battre pour faire valloir mes idées.

Le lynchage médiatique dont a été victime Wangari et les conclusions de mes échanges avec Voltan m’ont assurée d’une chose : la voie sur laquelle je souhaite m’aventurer est semée d’embûches. Et des gens se sont retrouvés brûlés sur la place publique pour moins que ça…

La lutte a un prix.

Avec passion,

Dyna.