Notes sur l’immigration à travers les récits de vie d’Aya Cissoko

La littérature, au-delà du côté artistique, nourrit l’empathie.

Elle nous permet de nous glisser dans la peau de ceux qui nous ressemblent le moins.

Ressentir leurs peurs et angoisses. Leur colère. Pleurer avec eux. Nous rejouir de leurs victoires. Les apprécier quelque part, ces gens que l’on ne connaît qu’à travers quelques mots triés sur le volet et savamment assemblés.

La littérature nous rapproche, elle nous rend sensible à la misère du monde.

La lecture des trois tomes des récits de vie d’Aya Cissoko m’a rapprochée d’elle. Ses mots se sont glissés en moi et ont pris la forme de souvenirs. J’ai l’impression de l’avoir toujours connue.

Ces livres m’ont bouleversée à bien des égards. Ils m’ont ouvert les yeux sur certaines réalités que je soupçonnais déjà. Mais les récits de vie de personnes ayant vécu les évènements nous marquent toujours avec plus de force.

J’aimerais que vous preniez le temps de lire ces trois livres. Aya y laisse une part d’elle et en fait don à l’humanité. Rendons-le lui bien.

Elle dépeint dans toute leur humanité ceux que l’on appelle aujourd’hui avec violence “les migrants”. Ce sont des femmes et hommes comme vous et moi partis, à contrecœur, de leurs terres à la recherche d’un avenir meilleur pour eux mais aussi pour ceux restés sur place. Car en Afrique, la solidarité est une valeur essentielle.

Ces migrants finissent, pour la plupart, par intégrer la communauté de “La France qui se lève tôt”, ces femmes et hommes que l’on croise dans nos bureaux et dont on ne soupçonne pas la dureté de l’existence.

Massiré Dansira, mère d’Aya, est de ceux-là. Elle nait et grandit au Mali. Non scolarisée, Massiré est très tôt donnée en mariage à un homme qu’elle rejoint en France, un pays dont elle ne parle pas la langue. Des années plus tard, elle se retrouve brusquement veuve avec trois enfants à élever seule.

Commence ainsi le combat d’une vie. Massiré mettra un point d’honneur à élever ses enfants dans le “danbé”, la dignité, et à faire d’eux des personnes respectables. Car comme elle le dit souvent à Aya “tu n’es pas l’enfant de rien ni de personne !”.

À travers les bribes de souvenirs partagées par Aya, on est exposé à la dure réalité des immigrés noirs en France : les problématiques d’accès à un logement décent, les inégalités sur le plan scolaire, les traitements des agents détenteur de l’autorité…

Ces livres se lisent pour ce qu’ils nous apprennent et pour les émotions qu’ils véhiculent.

Des morceaux de vie de femmes et d’hommes ordinaires qui nous marquent pourtant à vie.

Ces récits de vie sont tout simplement inoubliables.

Avec passion,

Dyna.